L’Oasis
Installation pour la Nuit Blanche 2020
Pour la Nuit Blanche, Ariane Michel a voulu honorer l’invitation qui lui a été faite de s'emparer des espaces publics de la Grande Mosquée de Paris en proposant six installations formant un parcours global. Jouant sur l’idée que l’on traverserait ici un paysage, elle s’appuye sur les parcours de l’eau, importants dans ces lieux, et sur la référence faite ici au jardin d’Éden. Investissant l’entrée, le jardin, le grand patio, le couloir, la bibliothèque et la salle de conférences, elle propose des interventions où le son et les images articulent en contrepoint les vies de l’eau et la « sécheresse » qui accompagne l’artificialisation du monde. Entre présence et absence, on y fait ainsi, par des voies détournées, une sorte de double voyage : d’un côté, ce que l’on peut entendre : le mouvement naturel de l’eau descendant des ciels d’orage jusqu'aux tréfonds de la terre et des océans pour nourrir les vivants; et de l’autre, ce qu’on voit : le mouvement sec des matériaux un jour sortis de terre pour nos usages divers. Comme sur les berges d'un fleuve devenu aride mais qu’on entendrait toujours, l’artificialisation semble construire ici, par ce qu’on peut voir, une sorte de désert, tandis que des sons créés à l’aide de ces objets issus de la civilisation, bruitages d'animaux et des sonorités de l’eau, envahissent l’espace et dialoguent avec les lieux. Dans les interstices, des humains cherchent ici, entre gestes de purification, dispositifs plastiques et travaux d’écriture, à redéfinir leur place dans ce monde. La frontière entre naturel et artificiel s’estompe, sur le fil d’un cycle de vie d’inspiration presque mystique.